Achetez la céramique de Marie-France Labrosse
Harmonie née doucement
Marie-France Labrosse a toujours été fortement inspirée par la nature et son équilibre des contraires. C'est un peu ce qu'elle essaie de reproduire dans son travail de céramiste, juxtaposant savoir-faire et simplicité, couleur et subtilité, stabilité et mouvement. Elle a eu la gentillesse de répondre à nos questions.
Peux-tu décrire les circonstances de ton récent voyage au Japon, et ce que tu en as retiré?
J’ai eu le privilège de faire un séjour de deux mois en atelier-résidence au Japon, dans un petit village nommé Shigaraki, endroit qui regorge de céramistes et d’artisans. Grandement inspirant. La tradition de poterie locale est très importante et au Japon, la céramique est l’une des formes d’art les plus anciennes. Baigner dans un lieu si riche d’histoire, m’imprégner de cette culture, partager et rencontrer d’autres artistes m’ont permis d’apprendre et d’approfondir mes connaissances. C’est toujours enrichissant d’aller voir ce qui ce fait ailleurs, sortir de son environnement, découvrir. Simplement acheter les matières premières devenait passionnant, tellement de choix d’argiles, de glaçures, de cuissons…les possibilités étaient immenses! C’était le moment idéal pour explorer, créer, échanger, remettre en question, bref c’est comme si le temps s’était arrêté pour ne laisser place qu’à la céramique. Ce voyage au Japon n’a qu’ajouté du sens à mon travail, sans oublier que leur souci du détail et de l’esthétique continue de m’inspirer chaque jour.Que faisais-tu professionnellement avant la céramique ?
Je travaillais pour une designer de bijoux. C’était bien, ça me permettait de faire du travail manuel mais je me cherchais un peu, j’avais besoin de quelque chose qui allait assouvir mon besoin de création. J’ai aussi commencé à travailler en intervention en même temps que mes études en métiers d’art. Je suis donc également intervenante, à temps partiel, en milieu communautaire. J’ai toujours été intéressée par la sphère sociale et le domaine des arts. Je me suis questionnée longtemps à savoir ce que je voulais faire dans la vie pour finalement pratiquer les deux. C’est mon équilibre.À quand remonte ta pratique de la céramique, et comment as-tu commencé?
J’ai toujours aimé le dessin, la peinture, la création. J’aimais bricoler et à l’école, ce sont les cours d’arts plastiques qui me passionnaient. Je me souviens avoir façonné un personnage en grès lors d’un cours au secondaire et j’avais adoré (je l’ai toujours d’ailleurs! ;). J’ai ensuite redécouvert l’argile lors d’un cours de sculpture à l’université et j’ai longtemps regardé ce qui ce faisait en céramique avant de m’y plonger plus sérieusement. J’ai finalement osé et je me suis inscrite au Centre de Céramique Bonsecours dans le Vieux-Montréal où j’ai étudié pendant trois ans. J’ai terminé en 2013, j’entame donc ma cinquième année comme céramiste.
Quelle sorte de terre et technique privilégies-tu?
La terre que j’utilise est la porcelaine et je travaille surtout le façonnage. Cependant, j’aime beaucoup le tournage et je m’y remets de plus en plus, particulièrement depuis mon retour du Japon.
Comment décrirais-tu ton style ?
Je dirais épuré avec un côté organique, surtout en ce qui concerne les pièces façonnées qui donnent des formes imparfaites. Je travaille souvent avec des textures qui apportent un caractère naturel et j’applique des couleurs atténuées, douces et mouvantes, un peu comme une aquarelle. Je privilégie un style simple, délicat et des tons légers.
Parles-nous de ton processus de création. Tes influences, etc.
Je suis fortement inspirée par la nature et par son équilibre des contraires. Tout ce qui m’entoure m’influence mais j’apprécie particulièrement lorsqu’une harmonie naît tout en douceur dans la disparité. D’ailleurs, le Japon reflète bien cette diversité où la tradition et la modernité se côtoie pleinement. Je crée en juxtaposant texture et nivelé, brut et raffiné, couleur et subtilité, stabilité et mouvement. Dans cette même idée, j’ajoute également du fil et différents tissus à quelques-unes de mes pièces, ce qui apporte une certaine malléabilité au côté plutôt rigide de la céramique. J’apprécie le mélange de diverses matières et les contrastes intéressants qui se nourrissent.
Je crois qu’il y a un intérêt grandissant pour ce qui est local et fait à la main depuis les dernières années. On devient beaucoup plus conscient dans nos achats. Et la céramique ne cesse de se réinventer. Je pense aussi que l’explosion du monde culinaire a peut-être contribué à cet engouement. On se soucie davantage de la présentation des plats et on offre soigneusement les aliments dans de belles céramiques.
Et pour terminer, des projets d’avenir?
Oui, j’en ai plusieurs! Je reviens doucement de mon voyage et j’aimerais me concentrer un peu plus sur le tournage et fabriquer davantage des petites séries de pièces uniques. Me plonger de temps à autre dans l’univers sculptural m’intéresse aussi. Et j’aimerais assurément continuer à explorer le monde, source d’inspiration infinie!