L'homme qui faisait tourner les arbres
Pierre Chayer est un artisan-ébéniste passionné du bois. Toujours à la recherche de bois d'exception pour réaliser ses divers projets d’ébénisterie, il favorise des lignes épurées qui mettent en valeur les pièces de bois qu'il utilise.
Parmi ses créations, on retrouve des objets pour la table et la cuisine; poivrières ou moulins à épices, bols à salade, et mains à salade.
Pierre a bien voulu nous recevoir dans son atelier et répondre à quelque unes de nos questions.
Peux-tu m’en dire un peu sur ton ancien travail : nombre d’années, poste occupé, etc.Dans la majorité des cas, je suis demeuré près du domaine du bois et de la transformation. J’ai principalement été dans la gestion des approvisionnements pour des compagnies d’envergure internationale. Par le biais de mon emploi, j’ai voyagé beaucoup en Asie, mais aussi en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe.
Comment, ou dans quelle circonstance as-tu commencé à travailler le bois? Depuis combien de temps? Était-ce déjà un passe-temps? As-tu suivi des cours, et si oui à quel endroit. Etc.
Dès mon jeune âge, je fais l’apprentissage du travail du bois avec mon père qui possède une ébénisterie. Le tournage du bois est une passion qu’il m’a transmit.
À l’adolescence, je m’intéresse au dessin, au fusain et à la peinture a l’huile. Pendant les vacances d’été je fais l’apprentissage de la fabrication de meubles et d’articles en bois.
Je fais l’école du meuble et bois ouvré de Victoriaville et je gradue en 1975 comme technicien. Mon père, décédé en 1975 me lègue ses outils, et je m’adonne à la confection de meuble comme loisir pendant quelques années. Ma carrière prenait de plus en plus de place ainsi que la famille qui s’était agrandie. J’ai donc mis ce passe-temps de côté pendant plusieurs années.
Je reprends du service au début des années 2000 avec mon tour pour tourner des stylos avec des essences de bois plus recherchées. Je confectionne d’autres articles en bois tourné ce qui rallume la flamme de ma passion pour le travail du bois.
Je suivrai pendant quatre années consécutives des cours de sculpture avec Jocelyn Carignan. Plein de talents Jocelyn s’adonnait à la confection et à la restauration des orgues.

J’ai commencé par quelques pièces d’équipement au sous-sol mais l’espace devient rapidement trop restreint. En 2013, ma conjointe Christiane m’encourage à ériger mon atelier. Elle participe activement au projet.
Mon atelier est de petite taille, mais très fonctionnel, les équipements sont récents mis à part quelques-uns que j’ai conservés de mon père. Ils sont adaptés pour effectuer la majorité des travaux d’ébénisterie. J’ai particulièrement mis l’accent sur le tournage, avec un tour moderne qui me donne une capacité de tournage de vingt pouces de diamètre, avec les outils pour faire du tournage de bols

Je privilégie l’érable coti (spalted maple) et les essences locales.
J’ai conçu des moulins à poivre et a épices avec des essences d’ici en recherchant les caractéristiques particulières de nos essences de bois. Faire ressortir leur caractère unique, trouver des pièces peu communes qui se retrouvent déclassées pour des applications commerciales. Qu’il s’agisse d’érable coti dont certains champignons ont fait leurs œuvres, de merisier figuré ou de plaine ondulée, j’essaie de faire ressortir leurs particularités avec des lignes simples et épurées.

Dans la majorité des cas le tout débute par la recherche du bois. Par la suite vient l’étape de débitage et puis de séchage pour plusieurs mois. Lorsque le bois est à un pourcentage d’humidité requise, on fait ensuite l’équarrissage, les étapes de coupe et de préparation pour le tour. Je tourne d’abord un cylindre puis viennent l’étape du perçage, et le tournage de forme désirée. Ponçage et finition qui se font aussi su le tour. Viennent l’assemblage du mécanisme, l’étiquetage, la prise de photos et la livraison.

J’essaie de mettre l’accent sur les caractéristiques de la pièce en obtenant un design épuré et moderne, pas de collage ou d’éléments externes de décoration ajoutés. Si la pièce s’y prête, je peux même laisser un nœud, de l’écorce ou d’autres types de particularités naturelles.

D’être capable de créer de beaux objets , utilitaires et durables.
D’après toi, quelle est la qualité essentielle pour un ébéniste?
Un peu cliché : aimer façonner le bois. Aimer créer et être inventif tant au niveau du produit que de la façon de le fabriquer.
Certains accessoires de cuisine et autres objets, mais il est trop tôt à ce moment pour en parler. Récemment je me suis mis à la confection de certains bijoux et à la fabrication de bols décoratifs, de bols à fruits et de bols à salade.
Photo credits: © Chic & Basta.